@Jhiday

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Historique de publication

Introduction, le 21 août 2006

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Sommaire


Comme beaucoup d'autres séries de bandes dessinées américaines, les X-Men ont eu un historique de publication assez complexe. Mais d'abord, quelques précisions et un peu de vocabulaire.

Comment est publiée une bande dessinée aux USA

Les X-Men font partie de ces nombreux concepts qui sont la propriété d'un éditeur de BD. C'est très rare en BD européenne (le principal exemple serait Spirou), où c'est en général les auteurs originels qui gardent les droits et peuvent à la rigueur changer d'éditeur à peu près à leur guise. Ce cas-là est beaucoup plus rare aux USA, en tout cas en ce qui concerne les séries de superhéros (qui constituent la très majeure partie de la production nationale). La plupart des superhéros assez connus sont la propriété d'un des deux mastodontes du secteur, DC Comics (Superman, Batman, Wonder Woman, Flash, etc.) ou Marvel Comics (Spider-Man, X-Men, Hulk, 4 Fantastiques, Daredevil, etc.). Il existe quelques éditeurs "outsiders", mais ils sont relativement marginaux.

Ce statut de personnages "possédés par l'éditeur" signifie que les auteurs sont choisis par celui-ci, et n'ont en général aucun droit sur leurs oeuvres : c'est l'éditeur qui contrôle tout. Ceci signifie aussi que si les auteurs ne donnent pas satisfaction, ils peuvent être assez rapidement remplacés.

Ceci amène à la liste des différentes personnes qui travaillent sur une série donnée.
- Le scénariste (writer). En gros, c'est celui qui écrit l'histoire et décide ce qui doit se passer dedans. D'une manière générale, c'est le principal critère pour dénoter les différentes périodes d'une période donnée, un changement de scénariste appelant en général un changement de ton ou d'intrigues. La plupart du temps, un scénariste reste quelques années sur une série avant d'être remplacé ; X-Men a connu les deux extrêmes, avec des scénaristes qui ont duré moins de six mois, et d'un autre côté un scénariste qui est resté plus de 15 ans.
- Le dialoguiste (scripter). Celui qui écrit tous les dialogues et autres segments narratifs. La plupart du temps, c'est la même personne que le scénariste, mais il arrive que ce soit des personnes différentes ; en particulier quand c'est le dessinateur qui scénarise, et préfère laisser les dialogues à quelqu'un d'autre. En général, quand il y a un dialoguiste, le scénariste prend le titre de plotter (dérivé de plot, "intrigue").
- Le dessinateur (penciller). C'est la deuxième personne la plus importante d'une série (voir la première, dans certains cas). Il donne l'aspect général du dessin. Même si techniquement ce ne sont que des "crayonnés" en noir et blanc, la plupart du temps c'est assez détaillé. Il arrive que par manque de temps le dessinateur ne puisse fournir que des dessins rudimentaires, et dans ce cas son intervention est qualifiée de layouts ou breakdowns (resp. "mise en page" et "croquis"). Le complément doit alors être effectué par...
- L'encreur (inker). C'est une tâche ingrate qui consiste à recopier et affiner les crayonnés du dessinateur, de manière à ce qu'ils soient plus facilement imprimables et colorisables. Rares sont les dessinateurs qui s'encrent eux-mêmes, vu que ça prend pas mal de temps. Il arrive qu'en cas de manque de temps du dessinateur, il soit nécessaire d'utiliser plusieurs encreurs, qui se partagent les pages pour gagner du temps ; le résultat n'est pas toujours harmonieux. Le "pire" des cas est d'utiliser carrément plusieurs dessinateurs sur le même épisode, mais on préfère éviter ça. Il est bien plus courant de voir des dessinateurs (et encreurs) "par intérim" (fill-in) sur un ou plusieurs épisodes entiers. (Ceci arrive même pour les scénaristes, quand ils sont vraiment à la bourre.)
- Le coloriste (colorist). Il s'occupe de la mise en couleur des dessins, qui sont jusqu'ici en noir et blanc, suivant les instructions des dessinateurs. De nos jours, tout est informatisé. Il arrive parfois que le stade de l'encrage soit sauté pour coloriser directement les crayonnés, mais le résultat est rarement parfait. Dans les années 90, on a vu apparaitre un poste distinct de séparateur (separator), qui semble avoir correspondu à un poste plus technique lié aux contraintes techniques de l'époque.
- Le lettreur (letterer). Il s'occupe de dessiner tous les textes et autres bulles diverses.
- Le rédacteur en chef (editor). Il coordonne l'ensemble des activités de tous les autres, les embauche, vérifie qu'ils respectent les délais, etc. Comme il s'occupe en général de plein de séries à la fois, il a souvent des assistants ou des rédacteurs associés qui l'assistent. Il arrive souvent que les rédacteurs prennent une part active dans le travail des scénaristes, ce qui fait partie des règles du jeu (après tout, c'est eux qui sont ultimement responsable de la bonne marche des séries qu'ils supervisent).
- Tout en haut de la pyramide, il y a le super-rédacteur-en-chef, qui surveille tout et donne l'impulsion générale.
Il arrive assez souvent que certains postes soient combinés, mais il est en revanche extrêmement rare qu'une seule personne s'occupe de tout.

Vous aurez remarqué que la composition de l'équipe créative dépend pas mal des éventuels retards accumulés. Ceci provient du mode de publication traditionnel en vigueur depuis des décennies pour les BDs US : un nouvel épisode d'une vingtaine de pages tous les mois. Rien à voir, donc, avec les rythmes de publication européens, qui se permettent un voir deux albums de 44 pages tous les ans. Aux USA, on exige beaucoup plus de rapidité de la part des auteurs.
Notons que ceci équivaut rarement à exactement 12 épisodes par an. Il arrive que certaines séries populaires, pour doper les ventes, passent à 13, 15 voire 18 épisodes par an. Inversement, certaines séries ont des auteurs assez lents (en particuliers les dessinateurs), ce qui génère de forts délais et des rythmes plutôt bimestriels ou trimestriels. Mais ce sont en général des exceptions.
De plus, pendant plusieurs décennies un grand nombre de séries se sont vues doter "d'Annuals", ie des épisodes spéciaux annuels de taille double. La pratique s'est arrêtée en 2001 chez Marvel, mais semble revenir graduellement ces deux dernières années.

Bon, à partir de là, et tout ceci étant posé, on peut diviser la publication des X-Men en 5 grandes périodes :

Les années 60

La série X-MEN a été créée en 1963 par Stan Lee et Jack Kirby. C'est l'époque ou Marvel prend son essor, et où Stan Lee invente une foule de concepts qui deviendront au fil du temps des succès : les 4 Fantastiques, Spider-Man, Hulk, les Vengeurs, Daredevil, etc. Et donc les X-Men. Qui sont loin d'être sa meilleure création à l'époque, avouons-le. La qualité n'est pas géniale, et la série tourne en rond. En moins de vingt épisodes, les créateurs de la série estiment avoir fait le tour du concept, jettent l'éponge et passent la main.

Arrive Roy Thomas, un des premiers d'une nouvelle génération de scénaristes venus du milieu des fans. Il reste deux ans, développant certaines idées intéressantes mais écrivant des histoires en général assez médiocres, en grande partie parce qu'il utilise souvent des personnages et des concepts n'ayant rien à voir avec les X-Men, utilisant un peu la série comme bac à sables.

Les ventes se dégradent encore, et l'année suivante voit plusieurs scénaristes éphémères se succéder, sans parler de changements incessants de direction narrative. Mort du Professeur X, dispersion de l'équipe, tout est tenté pour susciter de l'intérêt sur la série. Peine perdue.

1969 voit le retour de Roy Thomas, accompagné du dessinateur Neal Adams. Et cette fois-ci, la série fonctionne enfin à nouveau. Elle s'emplit de paranoia, et le dessin prend un style beaucoup plus moderne (Neal Adams a largement influencé la plupart des dessinateurs ultérieurs, au point que l'avant-garde de l'époque est devenue parfaitement ordinaire aujourd'hui). Mais c'est trop tard : c'est un succès culte, mais les ventes ne suivent pas, et la série s'arrête finalement en 1970 avec l'épisode #66.

1970-1975 : Le Hiatus

Oui, la série s'est arrêtée pendant 5 ans. Enfin, pas tout à fait.

D'une part, pendant ces 5 ans, Marvel décide de publier bimestriellement les épisodes #67-93, qui ne sont en fait que des rééditions des épisodes précédents (#1-45). Absolument aucune nouvelle histoire, mais techniquement ce n'est qu'un "hiatus".

D'autre part, les X-Men n'ont pas complètement disparu du paysage pendant ces 5 ans. L'Univers Marvel étant un univers fictif partagé, ils ont fait des apparitions occasionnelles dans un certain nombre d'autres séries pendant cette période. L'un d'entre eux a même eu droit à une demi-douzaine d'épisodes dans une petite série anthologique (ie, les personnages principaux et/ou les équipes créatives changent régulièrement). Bref, c'est mieux que rien.

En 1999, John Byrne s'est vu accorder une série "flashback" pour tenter de combler les trous entre ces rares apparitions. Ce fut un succès très mitigé, en grande partie à cause du rythme très lent : quand cette série s'est arrêtée au bout de deux ans, la première apparition des X-Men dans une autre série n'avait même pas été atteinte. Oups. Enfin bref, ça n'apporta pas grand chose, même si ça vaut la peine d'être mentionné.

1975-1991 : L'ère Claremont

En 1975, Marvel décide de donner une nouvelle chance à la série et lui accorde un gros lifting, changeant radicalement la composition de l'équipe. Initialement, la relance est scénarisée par Len Wein (qui écrivait aussi Hulk à l'époque), mais a été confiée au bout de quelques mois à un petit jeune, Chris Claremont.

La série reprend à l'épisode #94. Au départ, le rythme est bimestriel ; puis, la sauce prenant peu à peu, la série redevient mensuelle en 1978. Progressivement, le succès est au rendez-vous, grâce à des histoires de très grande qualité comme la fameuse Saga du Phénix Noir, en 1980. La série est rebaptisée UNCANNY X-MEN à partir de l'épisode #114 (même si ça ne devient officiel qu'avec l'épisode #141).

Devant le succès de la série, de nouvelles séries "mutantes" sont lancées : NEW MUTANTS (de jeunes élèves mutants) en 1983, X-FACTOR (les cinq membres fondateurs) en 1986, EXCALIBUR (des mutants au Royaume-Uni) et WOLVERINE en 1988. Chris Claremont reste vaillament aux commande de la série initiale, tout en dirigeant NEW MUTANTS pendant 4 ans et EXCALIBUR pendant 3 ans.

Mais à partir de 1985, la mode est aux "crossovers" : des sagas géantes qui occupent plusieurs séries pendant des mois. A cause des contraintes inhérentes à l'exercice, ils sont rarement de bonne qualité : problèmes de coordination, déraillement des séries concernées, dessins incohérents sont autant de difficultés que peu ont résolues.

Parallèlement, Claremont semble progressivement perdre de vue les principes fondateurs de la série. En 1987, il change radicalement la composition des X-Men. En 1988, il les relocalise en Australie, les déracinant de leur contexte politique. Et en 1989, il dissout l'équipe, menant à un an d'histoires où les membres de l'équipe sont isolés et désorientés.

De toute évidence, ces changements passent mal avec la rédaction et la tête de la compagnie, qui imposent un retour progressif à la "normale" et un statu quo plus reconnaissable à partir de fin 1990. Au même moment, les principaux dessinateurs des séries mutantes - Jim Lee (Uncanny X-Men), Rob Liefeld (New Mutants), Whilce Portacio (X-Factor), Marc Silvestri (Wolverine), mais aussi Todd McFarlane (Amazing Spider-Man) -, devant leur popularité grandissante, exigent un plus grand contrôle créatif et de meilleures rémunérations. Il s'ensuivent des clashs de personnalités avec Claremont, qui est poussé vers la sortie en 1991 (peu après Louise Simonson, scénariste d'X-Factor et de New Mutants).

Les Années 90

A partir de là, les X-Men sont devenus une franchise extrêmement lucrative. La nouvelle série X-FORCE, remplaçant NEW MUTANTS en 1991, se vend à des millions d'exemplaires. Idem pour la deuxième "série principale X-Men", intitulée sobrement X-MEN.

On se retrouve donc avec deux séries "X-Men", UNCANNY X-MEN et X-MEN, qui cohabitent. La solution initiale est de diviser les personnages en deux équipes ; les frontières deviendront très floues à partir de 1993, aboutissant rapidement à un "crossover permanent" entre les deux séries (en plus des crossovers annuels, qui continuent).

Initialement, Jim Lee prend les reines d'X-MEN, tandis que Whilce Portacio prend celles d'UNCANNY X-MEN. Mais moins d'un an plus tard, tous ces dessinateurs célèbres et ambitieux précédemment cités décident de partir fonder leur propre maison d'édition, Image. Autant dire que c'est la panique générale. Au bout du compte, Fabian Nicieza (qui co-scénarisait déjà X-FORCE) obtient X-MEN, tandis qu'UNCANNY X-MEN est confié au débutant relatif Scott Lobdell. La transition rude, mais c'est mieux que rien. Ceci n'empêche pas le lancement de toute un groupe de nouvelles séries : CABLE, X-MEN UNLIMITED, GENERATION X, X-MAN, etc.

Lobdell et Nicieza composent des histoires dont la qualité oscille entre le médiocre et le pas trop mal, le meilleur étant probablement le giga-crossover Age of Apocalypse (1995). A partir de là, Nicieza est écarté, et X-MEN oscille entre des périodes d'intérim de Scott Lobdell et un passage éclair de Mark Waid. Le chaos est total, comme l'attestent les crossovers incohérents Onslaught (1996) et Operation:Zero Tolerance (1997). Après celui-ci, Lobdell lui-même est poussé vers la sortie.

1997 voit l'arrivée de deux nouveaux scénaristes aux sensibilités plus "alternatives" : Steven Seagle (qui venait de relancer une version bizarre et paranoiaque d'ALPHA FLIGHT) et Joe Kelly (qui scénarisait l'acclamé DEADPOOL). L'accueil est plutôt positif, mais la rédaction commence alors à changer sans arrêt ses plans, menant à de nombreux incohérences, faux départs et changements brutaux de direction. Fin 1998, les scénaristes en ont marre et démissionnent.

1999 voit l'arrivée d'Alan Davis, plus connu pour son passage acclamé en tant que dessinateur co-scénariste d'Excalibur. Il scénarise les deux séries, dessine X-MEN, et laisse les dialogues à son vieux complice Terry Kanavagh. Même s'il ne reste qu'à peine plus d'un an, il a redonné un peu de direction aux deux séries (même si c'est la même pour les deux). L'ingérence de la rédaction était patente, mais Davis a réussi à s'en accomoder sans mal.

En 2000, Chris Claremont fait son grand retour sur les deux séries (avec l'épisode #100 d'X-MEN). C'est un échec patent : les histoires sont incohérentes, les méchants sans intérêt, et l'ensemble est incompréhensible pour d'éventuels nouveaux lecteurs attirés par la sortie du premier film. Claremont est éjecté des deux séries en moins d'un an, et Scott Lobdell assure un intérim de quelques mois pour clore un certain nombres d'histoires laissées en plan depuis des années.

Les années 2000 : des séries indépendantes

2001 voit le retour du concept de "une équipe de X-Men par série, avec ses propres auteurs". Cette fois-ci, chaque série obtient clairement sa propre identité, et chacune vit presque en autarcie par rapport aux autres.

Le plus important, c'est l'arrivée de Grant Morrison au scénario sur X-MEN, rebaptisée NEW X-MEN. Il redonne un coup de jeune aux X-Men, essentiellement en terme de ton et de style ; les histoires quant à elles sont relativement conventionnelles sous le vernis de nouveauté. La principale innovation est l'apparition d'une culture mutante, dépassant les conflits basiques pour/contre les mutants. Globalement, c'est un succès.

UNCANNY X-MEN est confiée à Joe Casey, qui rate son entrée et n'accomplit pas grand chose de valable par la suite. En 2002, il est remplacé par Chuck Austen, qui commence correctement avec une approche "traditionnelle", et sombre ensuite dans des tréfonds abysmaux avec des histoires incohérentes et horriblement stupides. Essentiellement, une série sinistrée.

Chris Claremont se voit confier une nouvelle série X-TREME X-MEN, qui lui permet de continuer ses histoires tranquillement dans son coin. C'est assez médiocre, avec quelques périodes plutôt pas mal au milieu et beaucoup de médiocrité à la fin.

2004 voit le départ de Morrison, et un gros jeu de chaises musicales : Claremont obtient UNCANNY X-MEN, Austen passe sur X-MEN (qui reperd le "NEW"), X-TREME X-MEN s'arrête, et la nouvelle série ASTONISHING X-MEN est lancée avec Joss Whedon (créateur de Buffy contre les Vampires). Austen est vite remplacé par Peter Milligan. Globalement, les séries perdent peu à peu toute direction, avec des histoires relativement inconséquentes et des changements brutaux dans les équipes de X-Men sans trop de raison.

Le gros crossover "House of M" de 2005 (accompagné du gros hiatus d'ASTONISHING X-MEN) n'arrange pas les choses : un énorme changement de direction a lieu (la plupart des mutants perdent leurs pouvoirs) et aucun des scénaristes des séries principales ne semble vraiment s'y intéresser.

2006 voit un nouveau départ : Milligan s'en va, Claremont a des ennuis de santé, et du coup de nouveaux scénaristes arrivent : Ed Brubaker sur UNCANNY X-MEN (avec une équipe de X-Men partant dans l'espace à la poursuite d'un mutant vengeur) et Mike Carey sur X-MEN (avec une équipe de X-Men plus radicale et consacrée aux interventions rapides). Les premiers signes sont relativement optimistes.



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