Kloune d'Or n°6 :
Minus 1er (07/04/99) :
"Cyrano de Minus"
Minus CYRANO: Silence !
La foule en délire: Hi han ! Bêê
! Ouah, ouah ! Cocorico !
Minus CYRANO: Je vous ordonne de
vous taire !
Et j'adresse un défi collectif a la foule !
-J'inscris les noms !
-Approchez-vous, jeunes héros ! Chacun son tour ! Je vais donner des numéros
!
- Allons, quel est celui qui veut ouvrir la liste ? Vous, Monsieur ? Non ! Vous
? Non ! Le premier duelliste, Je l'expédie avec les honneurs qu'on lui
doit !
-Que tous ceux qui veulent mourir lèvent le doigt.
(Silence)
La pudeur vous défend de voir ma lame nue ? Pas un nom ?
-Pas un doigt ?
-C'est bien.
(CYRANO, s'assied au milieu du rond qui s'est formé, s'installe
comme chez lui. CYRANO, épanoui, se renverse sur sa chaise et croise ses
jambes)
- Avis donc aux badauds
Qui trouveraient plaisant ma petite taille,
Et si le plaisantin est noble, mon usage
Est de lui mettre, avant de le laisser s'enfuir,
Par devant, et plus haut, du fer, et non du cuir !
Un Cyber Politicien: Mais à la
fin il nous ennuie !
Un autre Cyber Politicien: Personne ne
va donc lui répondre ?...
Frederic: Personne ? Attendez !
Je vais lui lancer un de ces traits !...
je m'avance vers Cyrano qui m'observe, et me campant devant lui d'un air fat.
-Vous.... vous avez une taille... heu... une taille... très petite.
Minus CYRANO, gravement: Très.
Frederic, riant: Ha !
Minus CYRANO, imperturbable: C'est tout
?...
Frederic: Mais...
Minus CYRANO: Ah ! non ! c'est un peu
court, jeune homme !
On pouvait dire... Oh ! Dieu !... bien des choses en somme...
En variant le ton, -par exemple, tenez
Agressif : "Moi, monsieur, si j'avais une telle
taille,
Il faudrait sur-le-champs que je disparasse !"
Descriptif : "C'est un nain !... c'est un microbe
!... Que dis-je, c'est un minus !"
Curieux : "mais comment
fete vous pour monter les marche ? vous vous faites porter ?"
Gracieux : "Aimez-vous à ce point les insectes
que paternellement vous etâtes aussi pret d'eux ?"
Prévenant : "Gardez-vous
de tomber sur le sol ! laisser moi vous aider a descendre de votre chaise"
Admiratif : "Pour un modeliste, quelle enseigne
!"
Respectueux : "criez, monsieur, qu'on vous salue,
C'est cela qui s'appelle ce faire voir !"
Militaire : "quel camouflage soldat !"
Enfin "Le voilà donc ce petit qui des traits
de son maître
A détruit l'harmonie
! Il en verdit, le traître !"
-Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez-vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n'en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d'une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve.
FIN
mille excuse a EDMOND ROSTAND
|